° Organisation de votre Dossier °

Il relisait encore le mot qui lui avait été porté en début de matinée. En tant que nouveau shinobi appartenant au royaume de Suna, il était de mise d'aller se présenter au roi - si peu ! - le plus hâtivement possible afin de se mettre en lumière, et comme tout ronin et genin qui passait par là au village, il comptait bien accepter une telle introduction, malgré le fait qu'il s'agissait d'un protocole plutôt réservé aux jeunes ninjas et que, lui qui par le passé n'était jamais passé par le système des grades du village mais qui préférait jusqu'à présent se référer à ses compétences réelles qu'à un simulacre de rang devait désormais se plier aux règles communes. C'est pourquoi il décida, une fois l'après-midi déjà bien entamé et une mission déjà consommée de sa part, d'aller rejoindre la cours du roi. Avalant brusquement quelques aliments pour se remplir la panse avant son précieux rendez-vous, il prit ensuite rapidement la direction du domaine royal. C'était une bâtisse conséquente dans laquelle le roi du village prospérait avec grande aise, ne semblant pas véritablement en adéquation avec le niveau de vie de tant de petits gens - mais pouvait-on critiquer celui qui accède à la richesse d'en profiter outre mesure quand on savait qu'une majorité des personnes agiraient de la sorte si l'occasion leur en était présentée ? Il sentait richesse et profusion se démarquer de ces lieux, ne serait-ce qu'au travers de l'odeur qui émanait de ces lieux lorsqu'on en s'en approchait. La moiteur du village se confondait avec l’opulence des plats et des restaurations qui s'y trouvaient.

Il se dirigea avec quiétude vers l'entrée principale du bâtiment, tout en réfléchissant avec intensité à ce qu'il pourrait bien révéler de croustillant à l'autocrate du village du sable, du moins ce qu'il comptait véritablement dévoiler de sa personne. Il préférait toujours laisser un voile se disposer entre ce qu'on connaissait de lui et ce qu'il était véritablement - un atout dans la poche de tout ninja que l''on prenait comme novice, inexpérimenté. Il fallait néanmoins paraitre pertinent et honnête, il comptait donc quand même dévoiler une facette de sa personnalité, et puis, peut-être qu'il allait rencontrer une personne proche de ses propres dogmes et de sa conception du monde. Même s'il en doutait fortement, au vu de ses distances passées avec ce monde qu'il rejoignait actuellement qu'avec tâtonnement et après moult hésitations...

Il se mit soudainement à les percevoir. Ces mouvements, ces présences, ces chakras : apparemment, il n'était pas le seul à avoir été convié à se présenter aux yeux du monarque du bourg sunajin. Il espéra que tout cela n'allait pas durer aussi longtemps qu'il le redoutait; il pressentait en effet une longue réunion avec paperasse, futilités administratives et conseils - compréhensible lorsqu'on engageait et allait faire travailler e tout jeunes shinobis à son compte, moins lorsqu'il s'agissait d'un homme ayant déjà dépassé la quarantaine et qui possédait une expérience du monde extérieur probablement supérieure à la bonne majorité des habitants du village. Mais bon, fallait-il véritablement en parler, de cette expérience ? Cela aurait probablement mauvaise réputation, d'autant qu'il lui avait fallu du temps pour recouvrer de son identité originale, qu'il avait précieusement gardé cachée pendant sa période de découverte du monde externe et des autres cultures, autres vies, autres visions et autres philosophies de la conception de l'humain et l'être. Non, assurément, il n'était pas de mise de tout déballer, malgré le crédit et l'influence de l'individu qu'il allait rencontrer aujourd'hui - un certain Shin Yakigote, qu'il n'avait jamais croisé jusqu'alors, du moins ces trois derniers mois qui correspondaient à sa réapparition au village du sable. Il allait lui falloir passer avec aisance devant cette épreuve rituelle initiale et surtout, n'éveiller les soupçons sur son nébuleux  mais chargé passé.

Arrivé dans ce qui semblait être la plus grande salle du domaine, il décida d'attendre qu'on lui donne des instructions supplémentaires avant de s'avancer rudement et faire preuve d'un manque flagrant de politesse, et patienta donc. Pas pour bien longtemps, il le savait - à peine avait-il commencé à imaginer le dialogue inaugural qui l'attendait qu'il sentit déjà une des présences étrangères de la bâtisse se rapprocher directement dans l'antichambre dans laquelle il s'était calmement posé. Enfin, les choses sérieuses allaient débuter, et c'était avec une certaine sensation d'excitation que Shinichi se redressa de tout son long et guetta sa première interaction avec le maître de ces lieux.

Shinichi écoutait avec grande attention les paroles du despote, sereinement distillées et dont l'étonnante modestie prit le vieux samouraï de court. Il semblait s'ouvrir de manière très inattendue au pourtant néophyte combattant dans son ordre. Il avouait de manière chagrinée ses quelques décisions passées et notamment, le fait de n'avoir eu un homme comme lui pour lui prodiguer par moment quelques conseils qui auraient permis au village d'éviter certaines problématiques qui furent enclenchées suite à la célèbre petite guerre qui avait vue la destruction quasi-totale du village caché de la pluie... En réalité, le vieil homme avait feint l'indifférence dans sa première prise de parole concernant la stature et le passé du village. Il était de toute évidence au courant de ce qu'il s'y était déroulé, et des actes nébuleux de la part des sunajin durant cette guerre. Mais il souhaitait ardemment connaître le tableau entier, et espérait voir une quelconque faille, des remords ou ne serait-ce que des critiques énoncées quant à ce qui s'était alors déroulé. Et l'honnêteté du dictateur lui donnait espoir; peut-être que les desseins carnassiers que l'on prétendait voir dans l'avenir du village caché du sable pourraient se transformer en d'autres choses, en des pactes, des amitiés et peut-être des liens qui permettraient une reprise de la paix sur le joug de la terreur et de la mort. Ce qui avait été fait était définitivement fait et rien ne pouvait changer les évènements passés et les stigmates qui en découleraient, mais Shinichi savait bien qu'il en avait toujours été ainsi, il ne pouvait pleinement s'offusquer des récentes activités du village tant elles étaient liées aux actes pernicieux de tant de ninjas, qu'ils soient de son village, de vils déserteurs ou encore de contrées lointaines. Il prit donc une première réflexion allant dans le sens que le roi n'était pas déchu dans la démesure et l'envie d'annihilation extrême - perspective il y avait, maintenant la cultiver il fallait.

Mais, ébahissant réellement le vieil homme, la suite des paroles du monarque le prit complètement de cours - lui offrait-il à l'instant même une possibilité de se joindre à lui, à ses côtés, alors qu'il ne venait d'arriver et d'entrer à son service. Il semblait qu'apparemment, le jeune roi ne voulait voir de mutineries et révoltes s'éclater avec le temps et certaines de ses décisions qu'ils ne savaient si elles contentaient toujours le bien du peuple. Il est vrai que la présence d'un être sage à ses côtés, capable de lui dispenser de précieux conseils et notamment de gérer avec parcimonie certains éléments vitaux de la diplomatie du village ne pouvait que lui être qu'une aide supplémentaire, mais que cela se fasse si subitement... Il fut littéralement pris de surprise par une telle proposition, et sembla tout d'abord jauger et tempérer cette demande. Etait-elle pertinente, moqueuse ou même pire, piégeuse ? Il se décida de réfléchir et se remémorer des paroles exactes citées par son interlocuteur. Il sonda au fond de lui-même; il y avait-il une once de traîtrise ou d'affront dans son adage ? Il médita compendieusement et en arriva, sans doute aucun à la conclusion suivante : il ne s'agissait point de félonie ou piège tendu à sa personne. Il se devait, nonobstant son respect pour la majesté sunajin, de raisonner d'une telle manière. C'était ainsi que l'on survivait dans un tel monde, en n'était jamais attrapé par le funeste surprise et félonie qui attirait constamment de nombreuses chairs dans les bras du dieu de la mort qu'était Yanluowang, dont les histoires narrées par sa mère avait été source de bien des cauchemars dans son enfance, comme d'épopées rêveuses et glorieuses qui se finissaient par la rencontre finale avec ce dernier, en toute apaisement et l'esprit libéré.

D'un ton assuré, il décida de lui formuler un début de réponse avec toute la bienveillance et affabilité qui lui incombait. Il changea aussi de personne, non par irrespect mais, à contrario, par entière estime en vertu de son rapprochement soudain avec ce dernier. Le tutoiement lui semblait de mise, c'était le signe de profond respect lorsque la présence d'autrui résultait en des liens tissés par la sincérité et l'honnêteté et non la méprise et la moquerie.

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- Je suis honoré par ta proposition, et j'espère qu'elle n'est pas tempérée par des pressions externes et uniquement par ton jugement exclusif et par ton âme qui a pu entrevoir ce qui me compose réellement et ma volonté. Dans ce cas et uniquement dans tel cas, saches que l'opportunité de t'accompagner dans une telle tâche et te porter avec régularité mon jugement et mon opinion sur les affaires du village serait une gratification ultime envers ma personne. Néanmoins, il me faut quand même établir une petite rectification, que dis-je, un léger ajout à cela. Je ne puis représenter en tant que conseiller l'avis général de la populace et malgré ma modeste sagesse qui m'habite, il serait de bon aloi que de permettre de véritables réunions avec ma présence réunissant des acteurs majeurs de la vie de communauté, qu'elle soit proactive, dans le domaine de la protection ou encore de l'économie et des représentants des petites gens, nous devrions établir une véritable assemblée à la tête du village. Nous resterions bien évidemment impuissants quant à tes décisions définitives, mais, avec ta capacité de discernement et de jugement,  ces décisions sauront te guider avec une grande efficacité au fil du quotidien des sunajin et améliorer drastiquement nos vies et nos relations internes comme externes. Bien évidemment, il se pourrait que l'idée ne t'enchantes guère mais je ne peux me décider à t'apporter - qu'ils soient contributifs ou non - mes uniques recommandations sans la présence régulière d'une mixité représentant le peuple. Cela n'offrirait le pouvoir définitif au peuple comme dans tant d'autres pays - et bien compréhensible au vue des résultats de tels systèmes et du fait que les décisions de la majorité sans pondération ne sont jamais ceux qui conviennent véritablement au peuple, malencontreusement - mais permettrait une certaine dose de mesure quant à tes futurs décrets et décisions. Maintenant, tu possèdes bien évidemment le dernier mot, mais ma présence auprès de tes côtés ne saurait t'être aussi précieuse sans la possibilité d'avoir une assistance élargie en la forme d'un conseil avec lequel nous organiserions de relativement fréquentes réunions.

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Terminant sa longue allocution, il prit une longue bouffée d'air et attendit attentivement la réponse du jeune roi. Il était possible que celle-ci détermine de manière bien plus considérable qu'on ne pouvait l'imaginer l'avenir et la postérité du village du Suna, du moins, si ce dernier se mettait véritablement à écouter la voix criarde de fidèles représentants qui n'auraient d'yeux (...) et d'oreilles qu'uniquement pour la prospérité du village caché du sable. Adhésion, objection, refus total : qu'allait-répondre le jusqu'alors imprévisible autocrate face à la nouvelle requête du vieux genin qu'il souhaitait déjà propulser à ses côtés en tant que conseiller ? Allait-il abandonner sa surprenante initiative - ce qui n'étonnerait guère le samouraï qui ne pouvait encore trop y croire devant cette confiance qui lui avait été accordée - ou au contraire, tenait-il vraiment à changer de face, que ce soit celle du village comme celle de sa personne ? La réplique tant attendue arriva enfin et les premiers mots sortirent finalement de la bouche du roi...

Avec diligence, Shinichi esquissa un mouvement fluide de la tête pour marquer son respect devant l'arrivée du roi du village. Il avait un respect indéfectible envers la hiérarchie et ses supérieurs, il s'agissait de valeurs vitales, d'autant que lorsqu'on entrait dans un ordre, une organisation ou quelconque communauté, on acceptait de principe le principe des échelons et des grades. Si certains hommes méritaient d'être déchus par moment, dans la majorité des cas, il savait qu'on ne devenait pas un chef, un supérieur par le biais de mensonges et traitrises mais bel et bien par les faits d'armes, l'honnêteté, la loyauté et fidélité commune dans la quête du bien des hommes et de leurs interactions. Il espérait que le roi qu'il découvrait aujourd'hui ne serait pas l'un de ces abscons fils de, imbu de soi-même et oisif qui n'avait fait qu'attendre et recevoir son pouvoir de monarque. On lui avait cependant confirmé, au travers d'une discussion de tablée banale à l'auberge du coin qu'il s'agissait là d'un shinobi qui n'était pas arrivé par la facilité d'un lien paternel ou de relations abusives ou dignes de corruption avec les conseillers sunajin. Il s'agissait d'un homme relativement jeune - du moins, en comparaison à sa quarantaine déjà passée personnelle - et proche de ses ninjas, de ses hommes et du peuple en général. Une personne digne qui n'abuserait de son pouvoir et n'était arrivée de manière parvenue mais bel et bien à force de mérite et travail conséquent - il était temps pour le vieil homme de vérifier tout cela, l'apparence et les histoires étaient une chose, mais pour une personne qui ne pouvait d’apercevoir des choses telles que le commun des mortels le faisait, il était amplement capable de discerner le bon du mauvais, le vrai du faux, l'honnête de l'infidèle et déloyal. C'était une de ses capacités développée avec le temps, l'expérience des hommes qu'il avait eu au fil de ses rencontres et de son "handicap". Tant d'hommes se pensaient à l'abri de yeux qui ne pouvaient voir leur visage qu'ils ne se souciaient ne serait-ce que de feinter par un masque leurs mensonges et divagations, or, rien n'était plus simple pour l'homme âgé que de reconnaître les phrasés fourbes et véreux.

Le roi sembla s'asseoir avec aisance sur son trône, avant de s'adresser à son unique auditeur avec une voix qui raisonnait grandement en ces lieux. Il lui souhaitait la bienvenue en son royaume, du moins dans l'organisation des shinobis du village. Il lui promit reconnaissance et autre postérité probable au niveau de sa réputation en contrepartie d'une fierté à représenter son village et le défendre vaillamment. Pour finir, il lui demanda avec un certain intérêt dans son ton quel était son nom, et quelles étaient ses ambitions pour le village. Voilà qui allait donner lieu à une relativement longue réponse, et, en conséquence, le vieil homme prépara ce discours en toussotant légèrement pour que sa voix ne s'éreinte trop rapidement. Reprenant la position du parfait soldat stakhanoviste, il lança avec déférence :

- Je me nomme Shinichi no Kooryoku et mes ambitions seraient difficiles à vous dévoiler sans vous expliquer mon parcours. Je n'espère trop vous ennuyer, mais il me faut vous narrer une partie de mon histoire dans un soucis d'honnêteté et pour vous prouver de mon engagement à vos côtés. Comme vous l'avez sans doute remarqué, je suis affligé d'un certain handicap, et j'ai vécu la majorité de ma vie en dehors du village, étant parti jeune du cocon familial sunajin. Durant mes longues années d'aventure et de découverte du monde étranger, j'ai néanmoins toujours gardé en moi les préceptes samouraï qui m'ont été inculqués durant mon enfance et adolescence à Suna. Voyez-vous, mon père était un maître dans cet art-là à l'époque, et j'ai été entièrement baigné dans ce dogme pour mon plus grand bonheur, dois-je vous l'avouer. Malgré les difficultés et la sévérité qui m'a été porté par mon paternel - notamment du à mon aveuglement qui nécessitait plus d'entraînement pour me sensibiliser d'avantage au monde et à ses phénomènes invisibles - j'ai toujours gardé en moi cette éducation et je compte bien m'en porter garant toute ma vie durant. Mon honneur jusqu'à présent ne concernait que le bien que je distinguais du mal, avec une certaine justesse si je puis dire sans arrogance aucune, mais cela ne permettait que ma prospection personnelle et celle des liens que j'ai tissés jusqu'à présent. Dorénavant...

Il reprit un moment son souffle, en sachant qu'il allait lui falloir être un peu plus concis devant la longueur dans laquelle se perdait son discours. Abréger ses longues tirades pour éviter l'ennui évident qui en résulterait, sans quoi il allait passer pour le vieil homme aux adages vagues et qui contait d'avantage sa vie que ne s'intéressait à sa mission principale.

Dorénavant, je compte mettre mes humbles capacités, qu'elles soient en terme de combat, repérage, mentales, physiques, olfactives.. - bref, tout ce qui m'a permis de survivre jusqu'à présent - au service du village, de la communauté, de la justice, la vraie et indivisible, et surtout, contre la déloyauté et la corruption encrassant tant de villages que j'ai eu le malheur de découvrir par le passé. D'un certain côté, je désire aussi me battre pour vous pour m'assurer de... l'honnêteté de ceux qui combattront sous le même étendard, qui défendent nos valeurs. Et, sans flancher, je vous confesse que mon honneur pour mes principes m'obligeront à agir en leur sens, peu importe si l'on m'en ordonne le contraire, si jamais de tels principes de base se voyaient dévoyés et malmenés par des êtres - sans distinction aucune de leur origine, de toute évidence. Voilà ce que je suis, voilà ce que je vous offre - mon corps, ma vie, mes talents - au service des justes et des démunis, du bien que l'on confond si souvent et parfois, on oublie par facilité. En espérant que cela vous convienne.

Déambulant nonchalamment le long des austères bâtiments qui menaient à la porte principale du village de Suna, Shinichi cogitait intensément, se ressassant des récents évènements qui s'étaient si subitement enchaînés. Il devait désormais assumer une nouvelle mission, d'un rang peu important et d'une difficulté moindre mais cela restait un besoin nécessitant d'être accompli pour le bien du village. Les petites actions des petites gens qui font qu'une population subsiste ne sont pas les plus retentissantes ni les plus glorifiantes, mais bien fréquemment les plus essentielles. C'est ainsi qu'il continuait à divaguer dans ses profondes pensées qu'il perçut la fin de son cheminement. Il arrivait aux portes du village, et sa mission allait bientôt être entamée. Il ne lui fallait plus que parcourir les quelques centaines de mètres séparant les portes du village au premier poste frontalier afin de parvenir à destination - peu avant l'heure à laquelle la prise de garde lui avait été demandée.

Dépassant avec vigueur l'entrée du village, il sentit la présence d'un garde non loin de là et s'arrêta en ayant comme idée première de se présenter, du moins s'annoncer comme partant d'une mission à venir. Il se dirigea vers ce dernier, un colosse à l'odeur fortement chargée de testostérones et de transpiration prononcée qui laissait présager de sa part une présence bien longue en ces lieux de surveillance. Ceci étant établi, il savait dès lors que le garde en question devait probablement être très ennuyé par sa tâche ingrate et il tenta alors d'engager la conversion en lançant, alors qu'il passait près du poste de garde :

- Bien le bonsoir ! Il fait frais une fois le soleil couché ne trouvez-vous point ? risqua-t-il avec un air emprunt de gaieté.

- Oui, ça parait un peu logique d'un certain côté vu que lorsque le soleil se couche, la température chute complètement, et le vent se refroidissant forcément que ça aide pas, répondit-il avec un ton relativement hautain qui certifiait les premières présomptions de Shinichi concernant la mentalité de ce dernier. Vous quittez le village ? interrogea-t-il avec suspicion.

- Non, non, en réalité je suis ici pour accomplir une mission qui m'a été donnée, je dois surveiller l'entrée du village jusqu'à demain, apparemment il y a eu quelques mouvements par ici ces derniers temps et on aimerait vérifier tout ça. Je suis donc ici présent pour cela, répondit-il.

- Très bien très bien, dans ce cas... Il jaugea ce vieux blond décoloré d'un œil mauvais. Je vous laisse vous en occuper - amusez-vous bien, finit-il d'un air amusé.

- Hm, merci bien, bonne soirée à vous ! répondit-il tout en quittant ce poste avancé.

Il rejoignit rapidement son poste attitré; il y avait là une petite demeure cossue qui l'attendait, sûrement une source de chaleur qui lui serait bienvenue une fois la nuit définitivement tombée et lorsque le froid s'emparerait des lieux. Il savait qu'il ne pourrait réellement y dormir ni même n'y demeurer outre que succinctement, mais il était toujours agréable d'avoir un solution de repli en cas de problème quelconque; ou encore la possibilité d'une retraite planifiée dans la bâtisse. Il décida de planifier une première garde après s'être rapidement changé et avoir avec le plus grand soin apposé une fine couche d'huile sur la lame de son katana pour son entretien afin veiller à ce qu'elle reste dans un état impeccable et indéfectible lorsqu'un combat surviendrait. C'était une tâche gratifiante pour tout samouraï qui se valait, la valeur de celui-ci correspondait souvent avec l'état de sa lame, une lame rouillée, salie n'était que le reflet des négligences de son possesseur, et tel propriétaire ne pouvait se nommer comme un réel Bushi et adepte de l'art du katana avec un tel traitement de son arme principale.

Ses pensées reprenant l'instant présent, il se dirigea vers la porte de sa maisonnée et sortit débuter sa mission de surveillance au-delà des portes du village. Peut-être allait-il vivre quelque chose d'intéressant malgré la moindre importance de la tâche qui lui avait été attribuée.. Du moins, l'espérait-il vivement. Sinon, l'ennui allait être de garde et ce pendant une journée entière, mais ce qui devait être fait devrait l'être, peu importait l'intérêt personnel des shinobis et missionnés, et Shinichi comptait bien respecter cet adage avec une infinie et implacable rigourosité. Il était désormais temps de s'y atteler, et d'un pas décidé, il s'élança dans sa première mission en solitaire au service du village caché du sable.